« Nous sommes pareils »

5 février 2014 at 20 h 29 min

 

Il y a quelques jours, G. une des mamans de la Cour où elle a trouvé refuge depuis un mois, va faire moudre le maïs. Elle part à pied, elle a quelques kilomètres à faire. Quand elle est presque arrivée à l’endroit habituel, elle voit un attroupement embêter une jeune fille, on veut l’emmener à l’écart. Heureusement une autre personne intervient et demande qu’on la laisse tranquille. La jeune fille s’enfuit…

Tout en faisant moudre son maïs, G. réfléchit au chemin qu’elle va prendre au retour afin d’éviter des ennuis dont elle a été témoin. Elle met le grand bassin sur sa tête et décide de changer de direction. Mais elle croise un autre groupe, lui aussi mal intentionné.

Heureusement, une autre femme mesurant sans doute le danger, vient vers elle et l’appelle : « viens ici, ma fille, lui dit-elle, je vais t’aider, il y a quelque chose qui va pas avec ton bassin, viens, je t’aiderai à bien ranger ». C’était une excuse, pour la protéger. « Je t’ai vue, lui dit-elle, tu es une maman comme moi qui travaille et veut nourrir sa famille. Je ne veux pas qu’on t’ennuie ». Et la femme la guide alors hors du quartier, jusqu’au goudron où elle est en sécurité.

G. parvient enfin à la Cour toute tremblante et à travers ses larmes raconte : « C’est une maman musulmane et elle m’a protégée. Comment peut-on se faire du mal comme ça, dans notre pays. » Et puis, désemparée : « Comment faire si on doit rester ici ? Qui va nourrir ma famille ? J’ai besoin de sortir. Si nous ne pouvons plus bouger ce sera encore plus difficile ». Et G. d’ajouter : « ils sont comme nous : nous sommes tous pareils ».

poème

2 février 2014 at 9 h 16 min

Poème écrit au tableau noir de la classe de CM1 de l’Ecole Nicolas Barré, par le Maître Hector, mardi 28 janvier 2014.

 

Centrafrique mon pays,

Que tu es beau !

Ta beauté attire les étrangers par la diversité de ta richesse.

Mais les ennemis du développement ne veulent pas te voir évoluer.

Mais moi qui suis ton fils, je vais te protéger.

En aimant tout en cultivant la paix autour de moi.

 

A lire sur Global Voices « La sagesse de paix des plus démunis pour reconstruire la Centrafrique »

31 janvier 2014 at 18 h 15 min

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Global Voices est un réseau mondial de blogueurs qui veillent sur l’actualité par les blogs et réseaux sociaux, publient et traduisent des articles en 35 langues.

Extrait de l’article « La sagesse de paix des plus démunis pour reconstruire la Centrafrique »

« Les volontaires permanents du Mouvement ATD en Centrafrique ont été présents auprès des plus démunis avant que le violent conflit religieux ne déchire le pays. Leurs actions pour soutenir les populations locales ont permis de maintenir la solidarité et le lien social dans certaines communautés fragilisées par les luttes fratricides. Leurs présences continues auprès des citoyens ont font des acteurs et observateurs privilégiés de la situation actuelle.  Global Voices a sollicité ces volontaires pour connaitre leur points de vue et les actions à mener pour reconstruire le pays; voici l’entretien à bâtons rompus avec Michel Besse et l’équipe de ATD-Quart Monde à Bangui …. « 

 GV: Quelles sont les besoins pressants pour la Centrafrique maintenant ? Quelles solutions peut on proposer ?

MB: Pour nous, ce dont le pays a besoin pour reconstruire,  c’est de tenir compte de ceux qui ont résisté, et compter avec eux, s’appuyer sur leur expérience et leur savoir. Des familles, des personnes qu’on considère pour rien, isolées de tous et sans appuis chez les « kotazo » (les puissants, en sango langue nationale), ont maintenu malgré tout un lien de paix et de survie, au cœur des conflits. C’est ce lien dont le pays a besoin pour se rassembler après toutes ces distensions brutales. En revanche ceux qui sont restés comme des « blocs » par l’usage de la force (les milices armées) ou par l’usage de la ruse pour la survie de leurs intérêts politiques ou autres, n’ont pas cette vision de résistance et de reconstruction. Nous souhaitons que cette sagesse de paix des très pauvres puisse être connue de ceux qui sont dans leurs sécurités, ceux qui peuvent se protéger, ou ceux qui sont à l’abri.

Bangui-centrafrique

Dans votre localité, quelle est la situation à ce jour ? il y a t-il des réfugiés et si oui, d’où viennent-ils ?

MB: On peut dire que depuis le 24 décembre, toutes les maisons dans notre quartier ont accueilli des familles déplacées fuyant les quartiers devenus dangereux ; nous-mêmes, à la Maison Quart Monde, nous accueillons désormais une vingtaine de personnes, des membres du Mouvement venant de quartiers proches. Par ailleurs, un site de déplacés existe à quelques rues de chez nous, avec 19.000 personnes déplacées.

Des jeunes qui veulent se rendre utiles

28 janvier 2014 at 9 h 12 min

animation site MoukassaA Bangui, les jeunes de la Cour qui animent des Bibliothèques de Rues dans des quartiers entièrement déplacés, veulent se rendre utiles.

Herbert commente : « Dans le camp, on est quelques jeunes à aider. On aide à canaliser les gens, à les orienter. On soutient des mamans pour qu’elles aient de l’eau, ou encore, lorsqu’elles ont eu des médicaments, pour les aider à savoir comment les prendre. En nous voyant, des gens nous disent « mais vous êtes qui, vous ? Vous êtes de quelle organisation ? On vous paye pour faire ce que vous faites ? » On répond que non : nous, on est d’ATD Quart Monde. Des mamans participent aussi. Et la manière dont elles nous soutiennent permet à d’autres mamans d’agir à leur tour. Notre base est bien constituée, on peut poursuivre.»

Depuis Noël des animations ont lieu sur les sites de déplacés de l’aéroport (Mpoko) et de la paroisse Moukassa (Kokoro).

Se disperser… pour être plus en sécurité ?

23 janvier 2014 at 13 h 30 min

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Comment préserver la famille, les solidarités familiales, au cœur du tumulte et de la violence armée ? C’est la première préoccupation des Centrafricains, en particulier à Bangui.

C’est elle qui a conduit les familles à se disperser. Les habitants de Bangui ne sont pas restés blottis ou terrés chez eux, mais ont développé une toute autre stratégie, celle qui aboutit au résultat actuel : la moitié des habitants de la capitale (800 000 habitants) a quitté son domicile. Pourquoi de tels déplacements de population ? Pourquoi cette dispersion des familles dans la ville ? Certes, la crainte des dégâts collatéraux, des combats et les pénuries alimentaires constituent une bonne part de l’explication de cet exode massif, mais pas seulement.

La vie à Bangui au jour le jour

18 janvier 2014 at 21 h 25 min

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Au coeur de Bangui, l’équipe ATD Quart Monde vit avec les familles réfugiées dans des constructions légères autour d’un espace, c’est là qu’ils vivent, dorment et mangent ensemble, c’est « la Cour ».

Ce jour là tout est paisible, les enfants sont sous la paillote en train de dessiner et de peindre dans un grand calme et une grande concentration.

Froukje, membre d’ATD Quart Monde : « Tu sèmes quelque chose pour l’avenir de ce peuple ainsi même si c’est tout petit ».

Michel, membre d’ATD Quart Monde : «quand ce sera là, au moment de la reconstruction, toutes ces petites choses serviront car la richesse humaine du pays devra être rassemblée, tout est précieux ».

Ils ont préparé 300 photocopies de Kirikou et autres dessins pour que les enfants rassemblés à l’aéroport puissent avoir la joie de colorier.

Joël, membre d’ATD Quart Monde : « On cherche à s’épauler, à oublier ce qui s’est passé. On forme une grande famille, ça fait l’ambiance. Il y a des règles aussi, comme dans toute société. Il ne faut pas que ça déborde, on donne des conseils aux enfants, de rester calmes. »

Froukje, membre d’ATD Quart Monde s’est rendue à l’église Saint-Sauveur où 16000 personnes ont trouvé refuge. Et ce nombre de personnes augmente. Là, l’Unicef, MSF passent mais le manque est surtout de sanitaires, l’eau… « De voir tous ces gens ayant fui leur maison, ça ne laisse pas indifférent. Je suis restée un bon moment en silence ».